EP 010 – Accepter d’imprimer la culture de son entreprise
Qu’est-ce qui différencie une entreprise d’une autre ? La culture d’entreprise. L’essentiel, c’est qu’elle soit de la culture de la performance.
Alors que j’échangeais avec un directeur des risques sur ses difficultés d’adaptation dans une entreprise qu’il venait d’intégrer (six mois plus tôt), il me confia : « Hermann, je dois t’avouer qu’avant d’intégrer cette entreprise, j’idéalisais beaucoup…Même lors de mon entretien, le PCA m’a dit qu’ils avaient besoin de moi pour mettre un peu d’ordre, je ne m’attendais pas à autant de désordre. Ils ont une culture et des comportements que je trouve plutôt trop légers ». ù
Je lui demandai : « Qu’as-tu aimé en eux et que tu n’aimes plus ? ». Il reprit : « Ce n’est pas que je n’aime plus. Ils ont une belle ambition, une belle marque, la culture d’innovation est excellente et ils sont une référence dans le secteur – les actionnaires n’ont pas de quoi se plaindre puisque les chiffres sont excellents. Mais c’est trop informel ! On dirait des lycéens en camping tous les jours de l’année ! ».
Je ne sais pas si vous voyez ce qu’il décrit. En réalité, cette entreprise est à un tel niveau d’excellence à cause de sa culture (Etat d’esprit et pratiques). Devrait-on la changer ? Faut-il mettre un peu d’ordre comme l’a demandé le PCA ? Sans doute oui ! Mais sans changer ce qui fait sa force sinon on la dénature !
Pourquoi ? Parce qu’en matière de culture d’entreprise (qui marche), on n’innove pas. Et tout dirigeant qui a réussi à instaurer une culture qui marche ne doit pas avoir peur de la généraliser et de la perpétuer. La dictature culturelle est le seul domaine dans lequel la dictature est possible et on doit éviter d’avoir les peurs suivantes :
LA PEUR D’ÊTRE DIRECTIF : Les gens attendent que vous dessiniez le schéma culturel
LA PEUR D’ÊTRE TROP SECTAIRE : Votre différence fera votre différence. Et si un point fait la différence, il faut l’intégrer parce que c’est VOUS et c’est ce qui vous différencie
LA PEUR D’ÊTRE DUR : Vous avez votre identité. Si elle produit du résultat, vous n’avez pas à l’assouplir pour les gens
LA PEUR DE TRANCHER : Une identité est forcément tranchante donc vous ne pouvez pas faire deux poids deux mesures
LA PEUR DE BRUSQUER: C’est dès le début que vous devez montrer aux nouveaux entrants comment les choses se passent chez vous pour tuer tout en eux ou qu’ils vous repoussent assez tôt
LA PEUR D’ELIMINER : S’il y a un élément culturel qui ne fait plus ses preuves et ne produit plus, il faudra l’adapter ou l’éliminer avant de faire tomber l’organisation en désuétude.
J’étais dans le bureau d’un DG la dernière fois pour faire le point sur un programme en cours avec l’ensemble de son entreprise. « Pour le moment, tout va bien. C’est choquant mais c’est ça qui prouve que vous créez les conditions de la transformation culturelle dont nous avons besoin ». @Zoumana Coulibaly et moi nous sommes regardés : « Ça, c’est du H&C ! . Beaucoup de gens n’aiment pas… Mais c’est du H&C ! Et nous l’assumons. »
Une culture d’entreprise doit être assumée (sauf si elle n’est pas performante).