EP 026 – La sérénité d’accepter être critiqué
L’une des choses les plus durs pour un dirigeant, c’est de se rendre compte de combien ses collaborateurs, pour commencer, et la communauté (les réseaux sociaux) peuvent s’acharner sur lui ou elle et raconter toute sorte de boniment. Qui aime être critiqué.e ? La critique fait très mal.
A priori, ceci est une chose dont j’ai guéri depuis longtemps. J’ai appris de John C. Maxwell, l’un des meilleurs en matière de leadership (avec 77 livres publiés) que « Lorsque le coup vient de derrière, c’est que vous êtes devant ». Pour dire simplement qu’on ne lance pas de pierre vers l’arrière, « on ne lance pas caillou là où il n’y a pas oiseau » comme on dit en Côte d’Ivoire. Donc si vous êtes le dirigeant, c’est normal que les autres passent leur temps à vous critiquer. Si vous êtes dirigeant, l’une des choses à laquelle vous devez vous préparer et accepter à subir, c’est la critique. Cela n’arrive qu’à ceux qui sont dans l’action, cela n’arrive qu’à ceux qui sont au-devant de la scène.
Comme le disait Théodore Roosevelt lors d’un discours historique en 1910 : « Ce n’est pas la critique qui compte, celui qui montre du doigt l’homme qui a trébuché ou qui explique comment on aurait pu mieux faire. Tout le mérite revient à celui qui descend vraiment dans l’arène, dont le visage est couvert de sueur, de poussière et de sang, qui lutte vaillamment, qui se trompe, qui échoue encore et encore – car il n’y a pas d’effort sans échec – mais qui fait son maximum pour progresser, qui connaît de grands enthousiasmes, qui se consacre à une noble cause, qui au mieux connaîtra in fine le triomphe de l’accomplissement et qui, au pire, s’il échoue, aura osé avec audace, et saura que sa place n’a jamais été parmi les âmes froides et timorées qui ne connaissent ni la victoire ni l’échec ».
Peut-être l’une des choses les plus difficiles pour le dirigeant c’est lorsque les critiques sur lui ou elle (ou qu’on dise des choses qu’il ou elle n’a pas dit) pourrissent l’ambiance et minent la motivation des autres. Bien sûr que lorsqu’on vient raconter à une personne ce que vous n’avez pas dit sur cette personne ou qu’on travestit vos propos, cela peut faire très mal à l’équipe. Cela peut désoler mais j’ai appris depuis longtemps trois choses à ce sujet :
- Si vous n’êtes pas présent, si vous ne communiquez pas et ne vivez pas avec vos hommes et femmes (afin que vos actes et paroles contredisent les mensonges), les toxiques et les détracteurs vont prendre le dessus ;
- Vos indifférences font souvent croire aux gens que vous n’avez pas une bonne impression d’eux. Si une personne vient dire deux ou trois choses sur vous, ils y croiront. La nature a horreur du vide.
- Si vous finissez par apprendre que des boniments sont racontés, ne soyez pas gêné de transmettre la bonne information. Ne trouvez pas cela inutile de faire de l’explication du texte.
Cela dit, il y a peu de chances que l’on ne vous critique pas en tant que dirigeant et ce pour plusieurs raisons que je vais partager avec vous ici :
- Les choix d’un dirigeant ne sont pas en général consensuels donc il est normal que l’on le critique – surtout quand les résultats ne sont pas au rendez-vous !
- Lorsqu’un dirigeant fait de bons résultats, ceux qui ne sont pas contents donneront toutes sortes d’explications à sa réussite – peu importe si les gens sont proches ou non. Tu couches avec le boss, tu as été initié à l’ésotérisme, tu es bisexuel, tu as eu une faveur spéciale, tu as fait un vaudou ou un gris-gris.
- Comme le disait Saint Thomas d’Aquin, le dirigeant se retrouve souvent piégé entre ce qu’il désire faire, ce en quoi il croit et ce qu’il doit faire. Les gens ne sauront pas que vous avez un dilemme.
- Lorsque le dirigeant n’est pas proche des gens pour qu’on sache vraiment qui il est, il est facile de dire de lui ou sur elle ce qu’il ou elle n’est pas.
- Plus vous êtes transparent et plus il sera difficile pour les gens de mentir sur votre compte ou sur l’entreprise.
- L’hyper-communication est l’un des meilleurs outils qu’un dirigeant doit utiliser pour partager la vision, clarifier les priorités, partager les responsabilités et contributions, dire les tendances, alerter, rassurer, informer, mettre à jour, préciser, signaler, vulgariser, valoriser.
- La meilleure façon de court-circuiter les porteurs de fausses nouvelles, c’est d’avoir près d’eux des informateurs qui vous disent ce qu’ils pensent avant qu’ils ne se mettent à les diffuser (c’est une méthode stalinienne qui fonctionne très bien).
- Multiplier les tête-à-tête avec les gens et aller les chercher (garder votre porte ouverte) – ce sera l’occasion pour eux de venir chercher la bonne information.
- Assurez-vous que vos actes ne confirment pas ce que les gens ont entendu à votre sujet. Ce que vous êtes et faites est plus fort que ce que vous dites.
- Ne perdez plus votre énergie à essayer de mal vivre ce que les gens racontent sur vous. Faites ce que vous avez à faire afin que les gens finissent par se dire qu’ils ne vous aiment pas mais que vous êtes un grand dirigeant ! Faites toujours ce que vous devez faire, advienne que pourra. Si les résultats sont en cours et qu’on vous critique, nous serez bientôt soulagés de savoir que vous avez fait ce que vous aviez à faire.