EP 079 – Pourquoi les gens compétents ne sont pas nommes DG?
Avant d’avancer, je voulais rappeler que cet épisode est extrait du livre LA VIE DE CEO / DESIREE ET PESANTE que j’ai co-écrit avec Zoumana Coulibaly et préfacé par El Hassan KABA, Fondateur de Mansa Bank. Vous pouvez l’obtenir en participant à THE NEXT CEO DAY (CLIQUEZ ICI) avec 4 autres guides pratiques dédiés aux dirigeants. Plus d’information sur www.thenextceoday.com
Je ne sais pas quel est votre positionnement ! Mais, je sais que c’est dur d’être irréprochable ! C’est encore plus dur lorsqu’on est au coeur de l’exigence d’actions et de résultat! Mon grand-père cultivateur avait l’habitude de dire que c’est lorsque tu es en contact direct avec la broussaille que tu sais que c’est plus facile de laver les mains pour manger que de cultiver un champ ! Seuls ceux qui ne savent pas que c’est dur de cultiver un champ se plaignent du fait que le repas met du temps à être servi. Lorsqu’on est au coeur de l’action douloureuse et pénible, on est plus pragmatique et plus conscient. Il suffit de ne pas agir pour être parfait. N’est-ce pas ? Si tu commets l’erreur d’être un homme d’action, tu vas révéler très rapidement tes imperfections.
Et c’est justement ceux qui fuient l’action et l’exposition qui conservent leur pureté et se permettent de juger ceux qui sont prêts à monter sur le ring de l’action conquérante et audacieuse – exposant leurs vulnérabilités et leurs incapacités (temporaires). Je me rappelle un Tonton à nous qui sermonnait les gens avec ses principes moraux.
Il avait particulièrement horreur de la corruption. Il disait que les corrompus sont de la peste (Erreur de débutant, n’est-ce pas ?). Il le proclamait et le manifestait jusqu’à ce que son enfant soit parti à l’étranger pour étudier. Entretemps, suite à une longue maladie de sa mère, il s’est retrouvé – sans grande économie.
Un jour, il reçut un coup de fil de son fils qu’il allait être renvoyé pour frais de scolarité impayés. C’était 6.000 euros en tout. Il me dira : « Hermann, pour la première fois de ma vie, j’ai dû accepter du cash. Je suis devenu de la peste moi aussi ». Je lui ai répondu : « Il faut un minimum de confort pour pratiquer la vertu…Est-ce qu’un homme qui s’entend parfaitement bien avec sa femme, trouve tous ses plaisirs avec elle et n’est pas en crise personnelle avec lui-même, vit avec qu’elle tous les jours, peut-il la tromper ? ». Il me regarda durement parce que malgré le fait qu’il disait que les corrompus sont de la peste, il trompait sa femme aussi. Pas évident hein ?
Serais-je en train de faire l’apologie de la corruption et de l’infidélité? Si c’est le cas, que Dieu pardonne mes péchés ! Pendant ce temps, que celui qui n’a jamais péché jette la pierre à ceux qui pèchent. Je suis vraiment désolé. Je tiens ici à féliciter tous ceux qui se battent pour réussir, qui exposent leurs vulnérabilités et qui tombent – et qui sont assez courageux pour se relever. Rien n’est évident pour personne – surtout pour les dirigeants.
Alors que je parlais de valeur, de rigueur managériale et de discipline personnelle avec un ami dirigeant, il me rappela que c’est l’ambition prétentieuse qui fait que les gens se retrouvent en difficulté et mettent en jeu leur intégrité : « Si tu n’es pas capable de supporter des niveaux de charges donnés, pourquoi tu te lances et te retrouves lourdement endetté ? » questionna-t-il ! Je m’étais senti concerné par ses propos parce que j’ai fait des investissements et élargis les charges de notre entreprise pour tripler le chiffre d’affaires. J’ai fini par multiplier le chiffre d’affaires par 2 mais, les charges ont été multipliées par 3. Pardonnez-moi et prenez-moi pour un mauvais gestionnaire si vous le voulez mais, « Je n’ai pas vu cela venir » (Du moins, ce n’est pas ce que j’ai scénarisé).
Mais, c’était facile pour moi de répondre à mon ami dirigeant parce qu’il faisait le tiers de mon chiffre d’affaires et était confortable avec. Du moins, jusqu’à ce qu’il se lance dans une activité qu’il ne maitrisait pas. Et pour la première fois de sa vie d’entrepreneur « …des clients se sont plaints de sa qualité de service ». Vous imaginez, lorsque vous échangez avec une personne qui dans la même conversation proclame l’idéal et au milieu de la conversation vous dit, comment il s’est retrouvé vulnérable et défaillant. Il me dit : « Pour ne pas aggraver la chose, j’ai décidé de freiner un peu ». Je lui ai dit « Et si tes concurrents ne freinent pas ? Ne vont-ils pas occuper le terrain?».
Lui et moi partageons ensemble la réserve et la réticence à solliciter le crédit bancaire (c’est certainement l’une des positions les plus stupides que j’ai pu avoir de toute ma vie d’entrepreneur – ne pas vouloir solliciter du crédit bancaire ou ne pas en faire au moins un Joker). Mais, son activité était en train de prendre une allure où il devrait solliciter des expertises techniques qui vont au-delà de ce qu’il maitrise et solliciter du financement au-delà de sa capacité d’autofinancement. Le défi, c’est qu’il avait peur de se retrouver dépendant et vulnérable. Dans la réalité, il l’était déjà sans le savoir. Puisqu’il ne pouvait plus progresser seul et était tenté de ralentir (d’abandonner – ce qui est vachement lâche). Mais ce qu’il ne sait pas, c’est qu’un autre entrepreneur, un autre dirigeant plus audacieux (et peut-être sans vergogne) va accepter le financement (sans être sûr de pouvoir rembourser) et faire de l’investissement et le sortir du marché ou le réduire à son petit périmètre (dont il sera fier). Dites-moi : « C’est quelle façon d’être vertueux ça ? ».
Un jour, je reçus l’offre d’un cabinet américain pour suivre une formation sur le thème de l’entrepreneuriat éthique. J’ai posé deux questions au chargé de compte client qui m’avait été affecté en tant que prospect : 1. Quel est l’effectif des entreprises que vous accompagnez ? 2. Quel est leur chiffre d’affaires moyen ? Réponse 1 : 10 collaborateurs. Réponse 2 : 2 millions de dollars. Alors je lui ai posé une troisième question : « Moi, j’ai une centaine de collaborateurs et je fais plus de 3 millions de chiffre d’affaires. Mon objectif, c’est de multiplier mon chiffre d’affaires par 10 en 3 ans. Qu’est-ce que vous pouvez faire pour moi ? ». Il me répondit : « Je constate que vous n’êtes pas notre cible ». J’ai juste compris que leur affaire consistait à maintenir les gens dans la zone de confort. C’est ridicule ? N’est-ce pas ?
Les dirigeants véreux et voyous sont moins inconfortables que vous et moi. Je ne sais plus si je ne suis pas un voyou dans mes méthodes. Je crois que si. Bref ! Mais eux au moins, ils sont libérés. Ils ont décidé de sortir de leur zone de confort et de faire les choses vraiment. Et ce sont eux qui prennent le pouvoir et nous les sages et les bondieusards sommes relégués. (Quand les fous prennent le pouvoir, les sages se cachent – Proverbes 26 :24). Mais ceci arrive lorsque nous décidons de « freiner un peu » comme mon ami dirigeant a décidé de faire pour ne pas être vulnérable. Un peu comme une amie à moi qui a demandé du coaching pour devenir DG.
Au bout de deux mois, j’avais réussi avec elle à obtenir sa promotion en tant que DGA. Elle avait changé d’entreprise et s’est retrouvée – disons – « au coeur de la jungle du business » pour reprendre ses propres mots. Environ six (6) mois après, elle revient me dire : « Je ne peux plus avancer Hermann. J’ai l’impression que tout le monde – autour de moi – marche sur la tête autour de moi et que je suis la seule qui pense à faire des choses censées. Et le PCA me dit que c’est moi qu’il veut proposer comme DG alors que je suis déjà mouillée dans des choses que je n’aurais jamais faites ? Non je ne peux pas ! Je n’en peux plus ! »
Je l’ai écouté longuement et l’ai laissée couler ses larmes. Ensuite, je lui dis : « Au moins, ton PCA est censé voir que tu es l’une des rares personnes censées – sinon la seule. Il sait que les autres sont trop pourris pour piloter la boite. C’est bon, tu y es ! Comme tu as déjà fait des choses insensées, c’est bon. Au moins tu n’es pas d’accord de faire des choses insensées (malgré toi) ou bien ? C’est ça qui fait de toi une personne censée et c’est déjà suffisant pour accepter le poste. Tu vas te mouiller davantage mais, tu es mieux indiquée que les « insensées qui marchent sur la tête ».
Elle a accepté le poste. Mais depuis 5 ans, elle a décidé de ne plus me parler. Bonne nouvelle, elle s’en sort bien. Mais, c’est comme si elle ne veut plus entendre parler de moi. Cela me va. J’espère juste que je ne lui ai pas offert un ticket pour l’enfer. Veuille Dieu me pardonner! J’ai essayé juste de lui dire comment les choses sont.
Je voulais préciser que dans les entreprises bien structurées et où les meilleurs et ceux qui peuvent vraiment faire le job sont promus, il arrive vraiment que les purs voyous arrivent en haut. Lorsque les purs voyous arrivent en haut, c’est que dans la plupart du temps : 1. Ils ont caché leur jeu. 2. Ils ont été très habiles. 3. Les gens corrects n’ont pas voulu être un peu voyous.
Avec le temps, j’ai compris que lorsqu’on n’est pas un peu voyou en tant que dirigeant, c’est qu’on est vraisemblablement « naïf ». Du moins, la plupart des choses qu’on se dit qu’on ne ferait pas, et bien, on se retrouve à les faire – surtout lorsqu’on est coincé. Si c’était à refaire, je m’en prendrai moins aux dirigeants. Je ne les critiquerais même pas. Parce qu’il faut – comme le disent les romains – il faut un minimum de confort pour pratiquer la vertu.
Comme je l’ai dit en début d’épisode cet épisode est extrait du livre LA VIE DE CEO / DESIREE ET PESANTE que j’ai co-écrit avec Zoumana Coulibaly et préfacé par El Hassan KABA, Fondateur de Mansa Bank. Vous pouvez l’obtenir en participant à THE NEXT CEO DAY (CLIQUEZ ICI) avec 4 autres guides pratiques dédiés aux dirigeants. Plus d’information sur www.thenextceoday.com